lundi 19 octobre 2009

Etrange sixième...

Dimanche soir, alors que je rentrais crevé mais détendu du badminton, il était 22h environ, je marchais depuis la gare des Brotteaux en direction de l'appartement. A cette heure-ci le dimanche dans le 6e arrdt, c'est TRÈS calme : pas un chat, toutes les boutiques fermées, fermés aussi les restaurants et cafés.

Et pourtant, je croise soudain une personne au coin d'une rue.
"Excusez-moi jeune homme, seriez-vous aimable de pouvoir m'aider ?"

Je regarde plus attentivement, et je m'aperçois que c'est un homme d'une cinquantaine d'année, et cet homme porte un chapeau et des vêtements couleurs pastel, ainsi qu'un foulard et beaucoup de bijoux... Zaza Napoli tout craché, un fort accent latin en plus, les effluves entêtantes comprises. Et très souriant.
"Je cherche un bar dans le quartier, mais je n'en trouve pas.
- Ah oui... un bar ici, c'est pas évident... On est dans le 6e arrondissement, c'est très bourgeois vous savez alors il n'y pas beaucoup de bars ouverts... Mais continuez vers la gare, il y a encore une brasserie ouverte si vous voulez.
- Merci beaucoup", puis tout de suite, avec un regard pénétrant :
"Vous êtes un garçon sérieux?
Je ne m'attendais vraiment pas à cette question !
"Euh... Oui... enfin pas trop quand même j'espère... mais globalement je suis assez sérieux on va dire, pourquoi donc ?
- Voilà, me dit-il en brandissant son bras gauche, pourriez-vous m'aider à accrocher mes rubis ?"
Et je vois qu'il tient un bracelet doré parsemé de pierres rouges, bracelet suffisamment "porté" pour être véritable visiblement.
"Oui, j'aime beaucoup les bijoux. Là ce sont des diamants (une grosse bague d'argent gonflée de brillants), ici c'est du jade (une autre bague d'or et de vert mêlés), ma broche est en corail et or blanc (étonnamment discret à côté des autres), et j'ai aussi ici un rubis brut de Maldou* (un caillou gros comme un gros morceau de sucre monté en pendentif autour du cou), ça c'est un foulard Lacroix mais maintenant je vais avoir du mal à en avoir un nouveau" en riant avec emphase.
"Maldou ? C'est quoi ? Je ne connais pas", tandis que je m'appliquais à comprendre le système complexe du bracelet.
- C'est la plus grande mine de rubis de Bolivie ! Je suis moi-même originaire de Bolivie. Vous voyez, c'est très difficile à accrocher, j'avais absolument besoin d'aide.
- Je crois que j'ai compris, attendez, tournez le poignet comme cela...
- Mettez-le moi comme ça. Oh excusez-moi ! Ce n'est pas ce que je voulais dire..." me dit-il avec un sourire en coin.
J'éclate de rire "Oui, il fait un peu froid de toute façon", et je finis par accrocher le bracelet.

"Merci, c'est vraiment très aimable de votre part. Voyez-vous, je quitte l'Europe demain matin, à 7h, quelle horreur !, et ce soir je n'avais donc pas le courage de faire la cuisine.
- Alors la brasserie là-bas, ce sera parfait je pense.
- Vous êtes vraiment très gentil, je suis heureux de vous avoir rencontré, dans le quartier c'est très rare.
- Oui, c'est plein de vieilles emmerdeuses qui ne sourient jamais", que je lui rétorque en riant.
- C'est tout à fait ça. Je vous remercie jeune homme, vous êtes adorable. Bonne soirée.
- Bonne soirée à vous, bon appétit, et surtout bon voyage."


* j'ai oublié le nom exact, je crois bien qu'il y avait deux syllabes et le son [ou]. Si quelqu'un s'y connaît en lieux d'extractions de pierres précieuses en Amérique du sud, qu'il me corrige.

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